C'est une gueule. Un verbe aussi. L'accent de Marseille en prime. On nous avait prévenus : «Vous allez tomber sous le charme.» Ou encore : «C'est un Cévenol.» Un «authentique». De fait, les ingrédients sont là. La barbe, le cheveu bouclé, le style direct. Et même deux anneaux fichés sur l'oreille, la gauche bien sûr. On nous avait dit : «Cela change de la fine moustache et du costume-cravate de Didier Le Reste», le patron des cheminots CGT auquel il a succédé il y a quatre mois. Lui, Gilbert Garrel, 51 ans, c'est plutôt «polo, blouson et sac en bandoulière».
Tout l’oppose à Le Reste, la grande figure du syndicalisme à la SNCF, enfant de l’Assistance publique, entré par la petite porte et resté contrôleur, mais qui a fait une superbe carrière - dix ans - à la tête des cheminots CGT. Garrel, bac + 4, a, lui, débuté comme cadre à la SNCF, mais il a plutôt la faconde et la mise d’un prolo. Et Garrel est à l’aise. Au point qu’il n’a pas touché, ou si peu, au bureau de notable de Le Reste, au siège de la CGT, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Le drapeau cubain est posé sur le dossier du fauteuil, et la collection de motrices miniatures brille sous le plexiglas… Garrel a juste squatté la table de réunion, pour y étaler ses dossiers.
Autre hypothèse, Garrel sait qu'il n'est que de passage, et se coule avec modestie dans le décor. C'est ce que répètent (espèrent ?) ses adversaires dans le champ syndical. SUD rail : «C'est un secr