Fermons les yeux. Nous sommes en mai 2012 : DSK est élu président de la République. Et sa plateforme socialo- écologiste prévoit une sortie du nucléaire. En attendant ce scénario fiction (pour l'heure hautement improbable), François Fillon a, lui, chargé hier l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) de procéder à l'audit des centrales françaises avec pour mission de fournir des «premières conclusions» d'ici à la fin de l'année. Une façon de gagner du temps et de faire retomber l'émotion suscitée par la catastrophe nucléaire de Fukushima. Comment sortir du nucléaire ? A quel coût ? Libération a défriché le chemin.
Quand et comment sortir ?
Techniquement, il n'y a aucun obstacle à fermer très vite les 19 centrales (58 réacteurs) françaises. En revanche, les conséquences seraient dramatiques (ou très joyeuses, c'est selon) ; sauf à accepter de plonger dans le noir une bonne partie de la France. Puisque 76% de notre électricité est d'origine nucléaire (un record du monde), ce serait tout le pays qui serait aussitôt paralysé. L'ensemble des experts, y compris écologistes, sont d'accord sur un point : un scénario de sortie de nucléaire ne peut pas s'envisager avant vingt ou trente ans. Pour Pierre-Franck Chevet, directeur général de l'énergie et du climat (DGEC), «sortir du nucléaire serait une décision structurante, politique et longue à mettre en œuvre, tout autant que l'a été la décision de s'y lancer». Quand, en 2002, l'Allemagne (dont seulement 24% de l'électricité est d'origine