La première fois, on ne s'y attend pas. Dans son bureau dominant Oslo et ses toits enneigés, sur cette place Youngstorget d'où partent et arrivent toutes les manifestations du pays, l'économiste en chef de LO (Landsorganisationen), la principale centrale syndicale norvégienne aux 850 000 membres, raconte le vif intérêt des Chinois pour son organisation. «On a actuellement un visiteur chinois à demeure, explique Andreas Halse, ici même, dans le syndicat.» Alors la deuxième fois, on est moins surpris lorsqu'un chercheur de Fafo, un des principaux instituts scandinaves de recherche sur le monde du travail, raconte que deux professeurs de l'école du Parti communiste chinois ont passé plusieurs mois dans leurs locaux. «Ils ont étudié très précisément notre modèle, raconte Jon Erik Dølvik. On les a beaucoup vus. Ils savent parfaitement comment le régime soviétique a sombré autrefois et veulent éviter que cela ne recommence chez eux.»
Les Chinois ne sont pas les seuls à s'intéresser à la Norvège. Après le cataclysme qu'a représenté pour le modèle libéral la crise de 2008-2009, quantité d'observateurs font le voyage ici, mais aussi à Copenhague ou à Stockholm, pour en savoir plus sur ces «lumières du Nord», comme les a surnommés le spécialiste de géopolitique Dominique Moïsi. Les modèles nordiques ont le vent en poupe. Voilà des pays très compétitifs, avec des impôts parmi les plus élevés au monde, des syndicats puissants, des systèmes de