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Libération
Interview

«Un rapport de forces inégal contre les cartels»

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Bruno Lasserre est le président de l’Autorité de la concurrence, qui organise aujourd’hui une table ronde sur ses sanctions.
publié le 30 mars 2011 à 0h00

A quelle hauteur punir les ententes et les cartels ? Et comment moduler les sanctions ? Le gendarme de la Concurrence veut reprendre la main. Il avait essuyé un camouflet l’an dernier, quand la cour d’appel de Paris avait dégonflé à 73 millions d’euros la plus haute sanction - 575,4 millions d’euros - jamais prononcée par l’Autorité de la concurrence contre le cartel de l’acier. Double peine, Bercy, sensible dit-on aux lobbies, avait refusé de saisir la Cour de cassation et demandé plus de prévisibilité dans les sanctions.

La cour d'appel avait invoqué «la crise» pour excuser le cartel, et elle avait aussi réécrit la méthodologie, fixée pourtant par la loi. Bonne fille, ce matin autour d'une table ronde, l'Autorité met en débat sa méthode pour fixer les sanctions, avec une volonté de «dialogue» et de «transparence», insiste son président, et après avoir recueilli l'avis des juristes, des consommateurs et des entreprises. Entretien avec Bruno Lasserre, le président de l'Autorité de la concurrence.

Les entreprises trouvent vos amendes trop lourdes. Vous répétez qu’il ne faut pas lever le pied…

Les sanctions visent un double objectif : punir et dissuader. Les entreprises sont des personnes rationnelles. Elles mettent en balance les profits escomptés d’une entente ou d’un abus avec les risques encourus. Jusqu’au début des années 2000, les sanctions n’étaient pas suffisamment dissuasives. Résultat, nous étions «abonnés» aux ententes, notamment dans des secteurs comme le BTP. Le législateur a donc relevé le plafond légal. Et nous avons pu proportionne