L'affrontement a commencé entre la France et l'Italie comme une querelle de laitiers. C'est désormais une affaire d'Etat. Et c'est à Bruxelles, devant les instances communautaires, que pourrait bien se régler l'assaut de Lactalis sur Parmalat. Au nom de la défense d'un de ses fleurons de l'industrie agroalimentaire et en réponse à «l'appétit» présumé des groupes français envers la «proie» transalpine, Rome multiplie ses efforts. Et s'emploie à monter une digue législative pour empêcher Lactalis de l'emporter. Au delà, l'objectif est de mettre à l'abri des convoitises étrangères une partie de son patrimoine économique. Le ministre de l'Economie, Giulio Tremonti, a fait passer jeudi un texte permettant à la Caisse des dépôts italienne (CDP) de «prendre des participations dans des sociétés d'intérêt national en termes de stratégie sectorielle, de niveau de l'emploi, de volume de chiffres d'affaires»…
Pourquoi la bataille se joue autour de Parmalat ?
Englouti en 2003 par une énorme escroquerie menée par Calisto Tanzi (le propriétaire avait falsifié les comptes et laissé un trou de 14,3 milliards d'euros), le groupe a effectué un redressement spectaculaire. Avec Enrico Bondi, commissaire extraordinaire, l'entreprise a été restructurée. Sur ses productions de base : le lait à longue conservation et les jus de fruits. Les autres filiales (tourisme etc.) ? Vendues. Les banques et cabinets d'audit qui auraient couvert les fraudes ont préféré trouver des accor