Economiste hétérodoxe, Jacques Sapir est directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Il publie cette semaine un ouvrage intitulé la Démondialisation.
Pourquoi démondialiser ?
La mondialisation ne marche pas. Nous avons atteint le point où il nous faut revenir en arrière. L’ampleur de la désindustrialisation que subit notre pays devient insupportable pour la population. Toutes les études montrent que la part de la mondialisation dans le chômage est estimée entre 35% et 45% du taux de chômage avant la crise. C’est un point incontestable.
C’est surtout un sujet à controverse…
Il l’est politiquement. Toutes les tentatives qui tentent d’invalider ces chiffres impliquent des manipulations statistiques.
Quel plan de démondialisation la France devrait-elle adopter ?
Deux approches doivent être complémentaires. En passant par une baisse du taux de change et en adoptant certaines protections.
Vous êtes favorable à une sortie de l’euro…
Non, si l’on peut convaincre nos partenaires de déprécier l’euro aux environs de 1,05 dollar. Si on ne peut pas, alors oui, il faut sortir de l’euro. Je ne fais pas de cette question un préalable. A chaque fois que l’euro prend 10% on perd 1% de PIB. A partir de là, on peut déjà faire un calcul en terme de hausse du chômage.
Quelles protections faudrait-il réintroduire ?
Des protections ciblées pour certaines industries. Qui ne devront viser que les Etats qui se sont fortement rapprochés des pays européens ou des Etats-Unis en matière de productivité, mais qui n’ont pas fait converger les salaires de la même manière.
Du protectionnisme sélectif, donc…
Pas un protectionnisme généralisé, mais un protectionnisme ciblé à l’égard des produits de certains pays. Il s’agit des pay