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Portrait

Patrick Pélata, l’homme de confiance sacrifié

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Le directeur général de Renault, démis hier, jouissait d’une forte crédibilité au sein du constructeur.
Patrick Pelata, le 15 septembre 2010. (Bogdan Cristel / Reuters)
publié le 12 avril 2011 à 0h00

A 55 ans, Patrick Pélata était bien plus qu’un simple numéro 2. Trop proche en âge de Carlos Ghosn (57 ans) pour prétendre lui succéder un jour, il était en tout cas un recours possible. Il avait tout pour lui : une crédibilité (il a fait toute sa carrière dans le groupe), une passion (la voiture) et une patine sociale (il fut jusqu’au début des années 80 membre du Parti communiste). Et pourtant, Pélata tomba de la plus pitoyable façon : une invraisemblable vraie-fausse affaire d’espionnage qui conduira aux licenciements de trois cadres dirigeants et plongera le groupe dans une crise aussi inédite que profonde.

Fils d'instituteur, diplômé de Polytechnique, le jeune Patrick Pélata, nourri de sociologie marxiste, commence sa carrière comme chercheur, écrit une thèse sur l'arrivée du fordisme en France, puis entre chez Renault et y gravit presque tous les échelons, de l'usine de Flins jusqu'à la direction du plan produit du groupe. Sa carrière décolle en 1999, quand Carlos Ghosn lui propose de l'accompagner au Japon pour redresser un Nissan au bord de la faillite. A l'époque, ils ne sont qu'une petite poignée de cadres (une grosse dizaine, pas plus) à sauter dans l'avion pour Tokyo. Pélata prend en charge la direction du plan et des produits. A lui la mission de relancer les ventes du constructeur japonais, pendant que Ghosn travaille à couper les coûts (et les têtes). Il va faire des miracles. Très vite, les ventes de Nissan remontent. Le binôme Ghosn-Pélata ne se lâchera plus.