Les syndicats en tiennent une comptabilité minutieuse : à la Poste, ce sont 11 700 emplois nets, soit 5% des 236 500 salariés, que l'entreprise a perdus en 2010. La traduction de cette saignée, selon SUD-PTT, ce sont «les murs d'automates» dans les bureaux de poste ou les tournées «sécables», quand le facteur prend en charge celle du collègue absent, faute de remplaçants. Le prélude à d'autres économies ? Un document interne, Modernisation, distribution, raccordement, mentionne un objectif pour 2017 de 45% de distribution du courrier dans des batteries de boîtes aux lettres (à l'entrée de la résidence ou du hameau), contre 10% en 2007. Le 12 avril, lors de l'audition de Jean-Paul Bailly, le PDG de la Poste, les députés se sont inquiétés de l'effritement de ce lien social, vital en milieu rural.
Même évaporation de l'humain à la SNCF. Jean Sivardière, le président de la Fnaut (Fédération nationale des associations d'usagers des transports) parle de «déshumanisation» : «Les guichets sont moins nombreux, l'amplitude horaire est réduite, on vous oblige à passer par Internet ou le téléphone, et pour les litiges, il faut écrire à Arras !» De fait, plus des deux tiers du chiffre d'affaires de la SNCF est réalisé à distance. Mouvement identique chez France Télécom, où «il devient difficile d'exposer le moindre problème en boutique : on vous renvoie vers des serveurs vocaux, plus économes en personnel», déplore-t-on à l'Association