Lorsqu'ils ont eu vent de la prime Sarkozy, les 1,5 million de salariés des entreprises du CAC 40 se sont sans doute frotté les mains. Les profits des champions ont en effet bondi de 80% en 2010. Du coup, les dividendes payés cette année vont progresser de 13% pour atteindre 39,7 milliards d'euros, tout près du record historique de 2008. Les géants du CAC 40 vont verser 4,7 milliards supplémentaires à leurs actionnaires en 2011, soit l'équivalent de 3 085 euros par salarié. De quoi faire saliver, puisque la prime sera obligatoire dans les sociétés qui augmentent leurs dividendes. «Ceux à qui on a demandé des efforts doivent être les premiers bénéficiaires de [la] reprise», a claironné hier Nicolas Sarkozy.
Mais, surprise, la majorité des employés des entreprises du CAC 40 n'aura pas un sou. Selon l'enquête réalisée par Libération, seuls 48,2% d'entre eux toucheront la prime, soit 734 900 personnes (1). Certes, 24 compagnies, soit 60% de l'indice, ont augmenté leurs dividendes. Mais ce n'est pas le cas de très gros employeurs, tels Carrefour, EDF ou Veolia (plus de 100 000 salariés chacun). D'où le fait que la mesure bénéficiera, au final, à moins d'un employé sur deux.
Carotte. Ce pourcentage décevant met en lumière les failles du mécanisme choisi par le chef de l'Etat pour déclencher la prime. Par exemple, cinq sociétés versent à elles seules 45% des dividendes du CAC 40. Seules deux d'entre elles, Sanofi et GDF Suez, devront accorder une ca