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Libération

La prime Sarkozy : un non-sens économique

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publié le 26 avril 2011 à 0h00

Dans un récent ouvrage intitulé les Décennies aveugles, Philippe Askenazy fait une revue implacable des erreurs de politiques économiques des trente dernières années, erreurs provenant autant de la démagogie que de l'incompétence. Et dans ce domaine, la récente prime promise, par Nicolas Sarkozy, aux salariés des entreprises de plus de 50 employés dont les dividendes sont en croissance, mériterait un glorieux épilogue. Cette mesure n'a strictement aucun sens ni du point de vue de la fiscalité, ni du point de vue du marché du travail, ni du point de vue de la structure de financement des entreprises.

Dans le domaine fiscal, un des grands chantiers des années à venir est celui de la simplification via la suppression des niches fiscales et l’unification de la taxation des différents revenus : salaires, stock-options, dividendes, intérêts d’obligation, plus-values. A l’opposé, la prime Sarkozy introduit une nouvelle niche fiscale. Elle sera exonérée de cotisations sociales et d’impôt sur les sociétés et uniquement soumise à un forfait de 8% au titre de la CSG et du CRDS. Sans cette incitation fiscale, cette prime serait sans intérêt et se traduirait, pour l’essentiel, par un changement de présentation comptable entre salaire fixe et salaire variable au sein des entreprises concernés. Et si l’objectif est de réduire les inégalités, c’est se tromper grossièrement de cible que de s’attaquer au partage de la valeur ajoutée entre les revenus du travail et du capital. Celui-ci