Qui aurait dit il y a encore cinq ans que la création d'un centre commercial pouvait présenter un risque économique ? Ces efficaces machines à profits importées des Etats-Unis à la fin des années 60 semblaient indéboulonnables. Pourtant, l'ouverture aujourd'hui à Aubervilliers (en Seine-Saint-Denis)des 56 000 m2 du Millénaire montre que l'exercice n'est plus si simple. La recette qui mixe un hypermarché, trois moyennes surfaces et une farandole de boutiques fatigue un peu.
La fréquentation des centres commerciaux a baissé depuis trois ans (-3,9% en 2009). Ils ont globalement «des évolutions de chiffre d'affaires qui sont à zéro ou légèrement négatives», constate Bernard Deslandes, directeur du développement chez Klépierre Ségécé, l'un des deux investisseurs du Millénaire avec Icade, une filiale de la Caisse des dépôts. Pascal Madry, directeur de l'Institut pour la ville et le commerce, note pour sa part que «les centres qui ont ouvert ces deux dernières années ont énormément de mal à décoller. C'est un phénomène nouveau qu'on ne connaissait pas».
«Insolite». Situé à la frontière Paris-banlieue,prévu dès les années 90, le Millénaire aurait dû être construit sur l'ancien modèle. Les recours d'associations de commerçants - parisiens en particulier - et de défense de l'environnement ont ratiboisé la surface de l'hypermarché. De 12 000 mètres carrés, la grande surface alimentaire est passée à 4 000. Soit la taille d'un équipement pour 5