Il a suffi d'un SMS pour que tout se dérègle à nouveau. Il est 22 heures, ce dimanche 3 avril, lorsque Jean- Baptiste Audousset est prévenu que les débris du vol Rio-Paris ont été retrouvés dans les abysses de l'Atlantique. Il y a d'abord «l'espoir» de trouver les boîtes noires et de connaître, enfin, les causes de l'accident. Puis la confusion lorsqu'il apprend que des corps reposent dans la carcasse de l'A330 d'Air France. Parmi eux, peut-être, celui de son compagnon, qui a partagé sa vie pendant huit ans. «Au début, je voulais qu'il reste où il était. Et puis on change d'avis, on ne sait plus trop. Est-ce que j'ai envie qu'ils le retrouvent ?» Le soir, il «réfléchit beaucoup», ses insomnies ont repris. Il a l'impression de «retomber», de revenir au lendemain du crash.
Président de l'association Entraide et Solidarité AF447, ce jeune homme de 31 ans est la voix et le visage des victimes françaises. Fine silhouette, regard franc. Sa parole est calme, sans colère, ni pathos, dans les médias comme en privé. «La souffrance, c'est quelque chose que je n'extériorise pas, que je garde pour moi, même avec les très proches. Et pas seulement en ce qui concerne l'accident.» Il ne souhaite pas dévoiler le nom de son compagnon, ni parler de leur relation, pour mieux la «préserver».
«J'étais très heureux dans ma vie d'avant», dit-il simplement. Jean-Baptiste Audousset a grandi à Mulhouse. Son père est vétérinaire, sa mère élève les tro