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Libération
Reportage

En silence, l’amiante tue toujours

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Un millier de personnes ont défilé, jeudi, à côté de Turin, contre une fibre encore utilisée dans de nombreux pays.
publié le 2 mai 2011 à 0h00

Roses, lys, marguerites… les fleurs sont blanches, et le cortège, plus d’un millier de personnes, silencieux et recueilli. Jeudi, journée mondiale des victimes de l’amiante, des délégations italienne, française, néerlandaise, espagnole, américaine, brésilienne, mexicaine se sont réunies à Casale Monferrato en Italie. En mémoire des centaines de vies sacrifiées à la poussière blanche dans cette ville du Piémont qui abritait une grande usine Eternit jusqu’en 1986, et où se déclarent toujours 50 cas par an de mésothéliome, le cancer incurable de la plèvre. Mais aussi pour clamer que la catastrophe continue : 100 000 personnes meurent chaque année dans le monde (dont 3 000 à 5 000 en France, 10 000 aux Etats-Unis). Alors que la létalité de l’amiante est avérée depuis des décennies, de nombreux pays l’utilisent encore.

Lobby. En introduction aux témoignages de la journée, Bruno Pesce, syndicaliste CGIL de Casale Monferrato, a rappelé que «seuls 55 pays à ce jour ont banni l'amiante. 39 l'utilisent toujours. La Russie, le Brésil, la Chine, l'Inde, le Canada l'extraient, le produisent et l'exportent». Le gouvernement québécois s'apprête même, malgré l'opposition des scientifiques, à relancer l'exploitation d'une mine au Canada. A travers les témoignages, force est de constater que les stratégies qui ont permis au lobby de l'amiante de prolonger l'usage de ce serial killer silencieux en Europe durant des décennies sont utilisées aujourd'hui au Brési