Menu
Libération

La «mauvaise» Grèce cible d’intox en série

Article réservé aux abonnés
Crise . Des informations erronées sont distillées depuis quelques semaines pour fragiliser Athènes.
par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant
publié le 9 mai 2011 à 0h00

Washington, le 17 avril. The International Institute of Finance, un forum réunissant banques, investisseurs, institutions monétaires et financières, tient session. Dans les couloirs, Nouriel Roubini, économiste américain célèbre pour avoir prédit la crise des subprimes. Mais aussi président de RGE Monitor, société qui vend (cher) du «conseil» aux investisseurs, se dépense sans compter pour convaincre ses interlocuteurs qu'une restructuration de la dette grecque est imminente.

Se prévalant d'une série de rencontres avec Georges Papaconstantinou, le ministre des Finances d'Athènes, il laisse entendre que celui-ci l'a déjà secrètement demandée. Même, si quelques minutes plus tôt, celui-ci a prononcé un discours affirmant qu'il n'était pas question de restructurer. Roubini veut orienter le marché : faire le pari d'un défaut grec, c'est sans risque, dit-il. De fait, si tout le monde va dans le même sens, sa prédiction se réalisera… Une dépêche de l'agence de presse Dow Jones, datée du même jour, affirme que «la Grèce propose une restructuration de sa dette» en s'appuyant sur des sources anonymes qui reproduisent le discours de… Roubini. De quoi crédibiliser les propos de ce dernier. «L'info» sera reprise par la presse financière.

Aussitôt, c'est la tempête sur les marchés. Il faudra plusieurs jours pour ramener le calme. Vendredi, rebelote : le site de l'hebdo allemand Der Spiegel«révèle» qu'une «réunion secrète» des ministres des Financ