Menu
Libération
TRIBUNE

Limiter les rémunérations obscènes

Article réservé aux abonnés
par Philippe Steiner, Sociologue, Paris IV
publié le 13 mai 2011 à 0h00

La nouvelle est tombée la semaine dernière : hors stock-options et autres actions gratuites, le salaire moyen des patrons des PDG du CAC 40 s'est fixé en 2010 à 2,4 millions d'euros : 150 fois le salaire minimum. En hausse de 20% par rapport à 2009, lorsqu'il fallait montrer que les patrons eux aussi souffraient dans leur chair suite à la crise financière et économique. «Profits et bonus obscènes», avait déclaré Barak Obama dans son discours de l'Union en janvier 2010 pour s'offusquer des pratiques de Wall Street. Les rémunérations obscènes sont devenues le vecteur emblématique de la crise idéologique ouverte par la crise de 2008. L'enrichissement extrême permis par la libéralisation financière est devenu la passion dominante de la finance et de la banque bien sûr, mais aussi de la direction des grandes entreprises. On la trouve également dans l'industrie du spectacle, sportif ou non.

Ce monde flamboyant et son principe de disproportion sont alimentés par la recherche d’un statut que seules semblent pouvoir satisfaire des rémunérations toujours plus élevées, et que les «codes de bonne conduite» des commissions du Medef ne sauraient restreindre. Ces rémunérations stupéfient le monde de l’économie ordinaire. Une enquête récente montre que les Français, tout en évaluant à 850 000 misérables euros les revenus des grands patrons (sous estimation de 300% !), proposent de les ramener à environ 320 000 euros. Va-t-on voir se reconstituer une fine couche de très riches, ce 1%