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Libération

Ouvriers, sales et méchants

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publié le 17 mai 2011 à 0h00

La fondation Terra Nova (1) pense que pour gagner en 2012, la gauche (ou plutôt le PS) ne doit pas «chercher à restaurer sa coalition historique de classe» car «la classe ouvrière n'est plus le cœur du vote de gauche». Il faudrait se tourner vers la «France de demain» : «les diplômés», «les jeunes», «les minorités», «les femmes».

Les ouvriers auraient «basculé vers la droite» parce qu'ils privilégieraient «les enjeux culturels portés par la droite» sur les enjeux économiques et sociaux portés par la gauche. Pire, il serait «difficile d'empêcher le FN de devenir le parti des ouvriers» ; à droite sur les valeurs culturelles («l'ordre et la sécurité, le refus de l'immigration et de l'islam, la défense des traditions») et à gauche sur les valeurs socio-économiques, le FN serait en phase avec les attentes des ouvriers.

La distinction entre valeurs culturelles et socio-économiques, sur laquelle repose l'essentiel de l'argument de Terra Nova, est floue. Figure ainsi parmi les premières le «rejet de l'Europe» (par les ouvriers). Pourtant ce rejet n'est certainement pas indépendant des choix de politique économique et des réformes néolibérales effectués en lien avec l'intégration européenne et a peu à voir avec la culture. De même, l'ordre et la sécurité sont moins une question de valeurs que de politiques et de services publics.

La prédominance des valeurs culturelles pour expliq