En décembre 2007, le fabricant d’armes MBDA profitait du tapis rouge dressé par l’Elysée au colonel Kadhafi en obtenant un juteux contrat de 167 millions d’euros pour près d’un millier de missiles antichars Milan. Produite sur le site de Bourges, la marchandise a, en grande partie, été livrée à l’armée libyenne entre 2008 et 2010. Mais l’intervention militaire française et l’embargo sur les armes qui a suivi ont mis la filiale d’EADS dans l’embarras. Le dernier lot d’environ 200 pièces, qui aurait dû être acheminé à Tripoli en ce début d’année, est immobilisé dans les sous-sols de l’usine berrichonne.
«Les livraisons ont été arrêtées il y a deux mois. Nous avons stocké ces missiles dans nos soutes jusqu'à nouvel ordre. Avec l'embargo, ça peut durer longtemps, confirme Yves Vincent, directeur du site de Bourges. On suivra les consignes de la commission parlementaire. Tout est très réglementé. On ne vend pas des pots de yaourt !»
Le 20 février, quand les manifestations ont embrasé, la direction du fabricant de missiles a rapatrié les trois formateurs français dépêchés, dans le cadre de ce contrat, auprès de l'armée de Kadhafi. «Le 22 février, ils ont pris le vol affrété par le gouvernement français», affirme Yves Barrier, le directeur de la communication de MBDA. Depuis, les relations commerciales avec le dictateur ont été rompues. Mais dans l'affaire, le géant français de l'armement a perdu gros. Dans le sillage de cette commande comprise entre 500 et