Où va l’Irlande ? Dix semaines après l’arrivée de la nouvelle coalition de centre gauche au pouvoir, l’Etat le plus déficitaire de la zone euro à la fin 2010 (-32,4% de déficit public) vient de revoir à la baisse ses prévisions de croissance (1% en 2011, 3% en 2013) et à la hausse celle de son endettement (118% en 2013). Joan Burton, ministre travailliste de la Protection sociale et spécialiste des questions économiques et financières du Labour Party, explique les enjeux pour l’economie du pays.
La potion infligée par le FMI et l’UE à l’Irlande est-elle soutenable ou bien le pays est-il condamné tôt ou tard à faire défaut ?
L’Irlande va payer. Le fait d’honorer ses dettes remonte loin dans notre culture. On en trouve de nombreux exemples dans les vieilles lois et coutumes gaéliques : pour que la paix sociale demeure, chacun doit honorer ce qu’il doit. Mais il y a des conditions pour que cette dette soit soutenable. D’abord, le taux d’intérêt auquel l’Irlande se finance doit vite être revu à la baisse. Il est de 5,8%, alors que l’Etat grec a accès à du crédit à 4,2% et que nos bailleurs internationaux empruntent à 2,8% ! Je veux bien qu’il y ait une prime de 1%, qui soit une forme de punition pour les fautes passées, mais pas à ce point, c’est exagéré.
Quelles sont vos autres priorités ?
Renégocier le «package» mis en place avec le FMI, l'UE et la Banque centrale européenne (BCE), de manière à allonger la durée de notre programme de stabilisation et le rendre plus supportable. Le gouvernement s'y attelle, sans remettre l'engagement de parvenir à 3% de déficit public à l'horizon 2015. Enfin, à titre personnel, je suis favorable à la mise en p