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Libération

A Pôle Emploi, l’enfer du décor

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Désorganisation, sous-effectifs, culture du chiffre : salariés de l’organisme public et chômeurs subissent un univers kafkaïen.
Un demandeur d'emploi, dans une agence marseillaise, en décembre 2008. (Jean-Paul Pelissier / Reuters)
publié le 25 mai 2011 à 0h00

Pôle Emploi a-t-il perdu le nord ? Né il y a deux ans et demi de la fusion entre l'ANPE et les Assédics, l'établissement chargé d'accompagner et d'indemniser les chômeurs ressemble à un bateau à la dérive. Une machine hypercentralisée et technocratique, où sévit un taylorisme ubuesque. C'est du moins ce qui ressort du «livre noir» réalisé par la CFDT, Pôle Emploi : malaise des deux côtés du guichet, et dont Libération, à l'occasion de la présentation aujourd'hui du rapport annuel de l'opérateur, a choisi de publier en exclusivité les témoignages les plus éloquents.

Des tranches de vie d'autant plus percutantes qu'elles émanent d'une organisation syndicale - la CFDT - qui ne remet pas en cause la réforme décidée par le président de la République. «Le rapprochement de l'indemnisation et de l'accompagnement des demandeurs d'emploi est toujours une bonne idée, estime ainsi Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT. Mais, outre les effets de la crise, celui-ci a été réalisé dans la précipitation.» Et de dénoncer la fusion des métiers (indemniser et placer), jugée «non nécessaire», ainsi que l'approche «industrielle» de l'accompagnement dit «personnalisé». Plongée dans un monde digne de Brazil, à rendre jaloux les meilleurs scénaristes de l'absurde.

Paquebot. Pôle Emploi, c'est d'abord un paquebot de 50 000 salariés, qui