Georges Corm, économiste, ancien ministre des Finances du Liban (1998-2000), est consultant auprès d'organismes internationaux et de banques centrales. Il vient de publier le Nouveau Gouvernement du monde (1).
Que vous inspire la candidature européenne de Christine Lagarde à la direction du FMI ?
Je ne suis pas étonné. Le Fonds monétaire international était tombé en désuétude mais face à la crise, les pays riches l'ont appelé à la rescousse. Au point de lui redonner une légitimité… que les pays du Nord veulent piloter. Certes, aujourd'hui, on assiste à une levée de bouclier du côté des pays émergents, ou du moins d'une partie d'entre eux, les Brics [Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, ndlr], qui dénoncent cette hégémonie des pays riches sur les instances internationales. On rit de les voir se réveiller si tard, ensuite d'être pour l'heure incapables de s'entendre sur le nom d'un candidat susceptible de les représenter.
De les représenter ou de défendre leurs intérêts ?
La question ne se pose pas en ces termes. Certes, le Sud émergent plaide un rééquilibrage des pouvoirs au sein des instances internationales comme le FMI. Et pour cela, il fait valoir qu’il pèse de plus en plus dans la balance de l’économie mondiale. Mais une fois qu’il a dit ça, une fois développés les arguments, quelqu’un peut-il expliquer en quoi cela pourrait changer, et dans quel sens, la marche d’une institution comme le FMI ? Ce qui me gêne, c’est de ne rien entendre de la part des responsables des pays émergents pour faire fonctionner le FMI d’une façon radicalment différente.
Alors pourquoi revendiquent-ils ces postes ?
Cessons de raconter des histoires. L