Elyès Jouini est vice-président de l’université Paris-Dauphine. Au lendemain des révoltes tunisiennes, cet économiste de 45 ans a été pour une brève période ministre des Finances du premier gouvernement de transition tunisien. Il revientsur le partenariat de Deauville, lancé vendredi par le G8.
Un «plan Marshall» pour aider les pays arabes à accomplir leur transition démocratique, est-ce une analogie pertinente ?
C’est un terme un peu galvaudé. Certes, décider, lorsqu’on représente les pays les plus riches de la planète, que l’on va aider financièrement des pays dont les peuples réclament la démocratie, est en soit un acte qui peut s’assimiler au plan Marshall de l’Après-Guerre. Mais cette comparaison a toutefois ses limites. A Deauville, les pays qui ont fait cette annonce sont certes les pays les plus riches, mais ils se parlent au sein d’une instance informelle qui n’a aucun pouvoir de décision.
Donc, vous ne croyez pas à ces promesses ?
Je dis juste que nous sommes au début d’un processus qui, pour au moins une raison, n’est pas comparable au plan Marshall. A l’époque, c’est un pays, les Etats-Unis, qui décidait de venir en aide à une région du monde et non plusieurs pays et institutions qui doivent se coordonner, comme c’est le cas aujourd’hui.
Les sommes annoncées sont considérables.
On parle de 40 milliards de dollars [28 milliards d'euros, ndlr]. Ce n'est pas rien, mais le cadre qui permettra de débloquer cet argent n'est pas arrêté. Il va encore falloir se mettre d'accord sur les mécanismes de l'aide. Qui va décaisser l'argent ? Pour quels projets ? Certes, il est clair que l'Egypte et la Tunisie ont noué à Deauville le début d'un partenariat avec le G8. Mais i