Dans les serres andalouses, c’est la consternation. Les chargements de concombres s’accumulent. Les stocks sont expédiés au compost et les légumes pourrissent sur pied. Plus la peine de cueillir si personne n’achète. Et quid des poivrons, laitues, tomates ou courgettes ? La «crise du concombre» menace toute la production agricole du pays.
«On est accusé sans preuves et sans moyens de se défendre, s'insurge Gil Vidal, agriculteur d'Almería. J'ai trente ouvriers, on devrait être en pleine campagne et je n'ai plus de travail pour eux.» Pour lui, le cauchemar a commencé il y a six jours, lorsqu'un laboratoire de Hambourg a désigné comme origine de l'infection alimentaire mortelle frappant l'Allemagne et les pays alentours un chargement de concombres livrés par l'entreprise Frunet, producteur et distributeur de primeurs écologiques, située à Algarrobo, près de Málaga.
Mise au pilori. Dans la foulée, l'ensemble de la production espagnole est suspecté. Après avoir désigné l'ennemi, les autorités allemandes modulent les accusations… mais bloquent toujours la distribution de concombres ibériques. La Belgique, l'Autriche ou la République tchèque suivent. L'Italie a, elle, saisi 1,6 tonne de concombres espagnols pour analyses. La méfiance des consommateurs fait le reste. Madrid proteste auprès de Bruxelles contre cette mise au pilori, demandant des explications et des compensations.
C'est une catastrophe pour le secteur qui exporte près de 90% de sa prod