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Libération

Producteurs de vin amers dans le Bordelais

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publié le 1er juin 2011 à 0h00

Denis Reynier, viticulteur à Taillecavat (Gironde), a voué sa vie au développement de son exploitation. Sa propriété, acquise en 1979, s'étend sur une vingtaine d'hectares. Le producteur a investi pour construire un chai et vinifier lui-même son raisin. «J'y croyais dur comme fer, se souvient-il. Je voulais avoir la satisfaction de voir le produit fini.» Mais aujourd'hui, il n'exclut pas de vendre sa propriété : «Parfois, je me demande s'il ne vaudrait pas mieux se débarrasser de l'exploitation tant qu'elle vaut encore quelque chose.»

Depuis quelques années, ce viticulteur passionné travaille quasiment à perte. Les revenus de sa vigne couvrent à peine ses frais d'exploitation. Entre 25 et 50% des producteurs du Bordelais sont dans le même cas et connaissent de graves difficultés de trésorerie. Si les propriétés ne disparaissent pas, c'est parce que les viticulteurs ont souvent un conjoint qui travaille ailleurs et fait «bouillir la marmite». Comme tous les vignerons qui produisent du bordeaux générique, Denis Reynier vend la plus grande partie de son vin en vrac à des négociants qui le mettent ensuite en bouteille. Tout se joue durant les quelques semaines de printemps au cours desquelles se font les transactions. Du cours du bordeaux dépend le résultat d'une année de travail pour les producteurs. Et ce printemps, comme l'an dernier, les cours ne décollent pas. Le prix de départ pour un bordeaux supérieur, millésime 2010, est de 800 euros le tonnea