Cruel chassé-croisé d'images pour la majorité. Au moment même où les cadres de l'UMP débattaient hier du meilleur moyen de faire travailler les «assistés» du RSA, qualifié de «cancer de la société» par Laurent Wauquiez (lire page 4), les députés du même parti s'employaient, à l'Assemblée nationale, à accorder un nouveau cadeau fiscal aux plus fortunés des Français. Dans la même semaine, la droite aura ainsi réussi l'exploit de stigmatiser les plus pauvres tout en cajolant les plus riches. Terrible signal politique, à moins d'un an de la présidentielle, et alors même que la France sort à peine de la plus grave crise depuis 1930.
Une question de priorités, diront certains, qui voient le gourdin s'abattre sur 1,2 million de personnes touchant 411 euros par mois, quand l'allégement de l'ISF (impôt de solidarité sur la fortune) devrait conduire à accorder un nouvel avantage de 2 000 euros par an aux 560 000 Français disposant d'un patrimoine supérieur à 800 000 euros. La réforme de l'ISF, pour la plus haute tranche (patrimoine supérieur à 16,5 millions), aboutira même à rendre, en moyenne, 175 000 euros à 592 contribuables… «Une réforme financée par les mêmes qui sont aujourd'hui assujettis à l'ISF», répond la majorité, évoquant l'augmentation de la fiscalité sur les successions. Par les mêmes, oui… mais après leur décès. C'est-à-dire par leurs héritiers. Et en partie seulement. A l'arrivée, le bilan de cette réforme si urgente conduira bien à faire basc