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Les agences de notation dépréciées

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Alors qu’ils n’avaient pas vu venir les crises précédentes, Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch sont soupçonnés de déstabiliser la zone euro en menaçant désormais les pays les plus stables.
En Grèce. (AFP)
par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant
publié le 13 juin 2011 à 0h00

Les agences de notation veulent-elles la peau de l’euro ? Après avoir dégradé à tour de bras, depuis dix-huit mois, les dettes publiques des pays périphériques de la zone euro, dont certaines ont été ramenées au rang d’obligations pourries, elles menacent désormais de déclarer la Grèce en défaut de paiement. Pourquoi ? Parce que les Etats européens ont osé envisager une participation volontaire des institutions financières privées (banques, assurances, fonds de gestion, etc.) au sauvetage de ce pays. Une façon d’interdire une solution qui permettrait de sauver la Grèce d’une faillite qu’elles estiment, pur hasard, quasi certaine.

Comme si les marchés n’étaient déjà pas suffisamment nerveux, les agences s’attaquent aussi au club très fermé des Etats notés AAA, la note la plus élevée (ils sont quatorze). Elles ont ainsi annoncé au cours de ces dernières semaines que la France ou encore l’Autriche pourraient perdre, à plus ou moins long terme, leur triple A qui leur permet de se financer à moindre coût sur les marchés.

«Échoué». Mais la zone euro n'est pas la seule visée par cette frénésie : dans la foulée, elles ont menacé de dégradation les Etats-Unis (lire ci-contre) et la Grande-Bretagne. Beaucoup d'économistes se demandent à quel jeu jouent les agences. «Si l'actif le plus sûr, la dette américaine, n'est plus sans risque, on change de monde», juge Laurence Boone, professeure d'économie à l'Ecole normale supérieure de Cachan (Val-de-Marne).