La tragédie grecque se poursuit. Placée sous perfusion d'aides et sous tutelle économique, la Grèce a vu l'essentiel de sa souveraineté s'évaporer au fil d'une crise qui n'en finit plus. Ce sont désormais les argentiers du FMI et de l'Union européenne qui, de fait, dirigent le pays. Le gouvernement socialiste n'a plus d'autre solution que de suivre une feuille de route draconienne fixée à Washington et Bruxelles, selon un scénario qui rappellerait presque les situations de guerre ou de catastrophe humanitaire, quand la communauté internationale prend le relais d'un appareil d'Etat détruit, débordé, qu'il faut reconstruire de la base au sommet. Le «state building» au cœur de l'Union européenne, de la zone euro et du XXIe siècle. Mais le pire reste que les réformes à la hache, l'austérité maximale, les privatisations tous azimuts n'ont pour l'instant pas permis d'arrêter une spirale qui fait courir un risque majeur à toute l'Union. Dans une boucle étrange, le pays qui a inventé la démocratie nous met ainsi sous les yeux, effrayant miroir, la double impasse de l'économie et de la politique. Et des images, au symbolisme vertigineux, venues de la capitale grecque : la foule des «indignés» assemblée depuis des semaines sur l'agora de la place Syntagma, juste en face du Parlement. Entre les deux, un immense espace, désert, protégé par les forces de l'ordre. Comment dire plus clairement la disjonction du peuple et de ses élus ? Le vide qui désormais occupe le cœur de l'es
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