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Libération
Récit

Lauvergeon, une éviction préméditée

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Guerre d’egos, luttes d’influence industrielle, inimitiés multiples, la patronne d’Areva a dû batailler pour conserver son poste… jusqu’à sa chute, jeudi.
publié le 18 juin 2011 à 0h00

L’histoire de la non-reconduction d’Anne Lauvergeon à la tête d’Areva n’est pas qu’une banale affaire de PDG qu’on éjecte parce qu’il dérange. C’est une vraie histoire française dans laquelle se mêlent tous les petits et grands secrets de la République : intérêts financiers et politiques, guerre de clans et de lobbys, enjeux géopolitiques, gestion de grands programmes industriels, batailles de ministères, de grands corps de l’Etat et d’egos. En cherchant bien, on y trouverait sans doute des meurtres, ne serait-ce que symboliques, voire du sexe. Et c’est pour cela que ce dossier soulève tant de passions, attise tant de haines, suscite autant de fantasmes. Car enfin, pourquoi serait-il si scandaleux de ne pas renouveler à son poste un(e) patron(ne) d’entreprise publique qui a déjà fait deux mandats et qui a fait son temps ? Les réactions à cette affaire sont aussi passionnelles et irrationnelles que l’affaire elle-même. Il faut dire que Lauvergeon, à la tête d’Areva, a dû résister à deux assauts successifs et non des moindres. Celui d’abord de Martin Bouygues et de Patrick Kron, les patrons de Bouygues et Alstom qui entendaient mettre la main sur le groupe nucléaire et qu’elle a réussi à repousser. Puis celui d’Henri Proglio, le numéro 1 d’EDF, qui a en partie réussi. Un acharnement qui a fini par pousser Lauvergeon à confondre son entreprise avec elle-même. Et surtout par la rendre dingue.

à 20 h 30, c'est plié. Cet interminable feuilleton politico-industriel