Carrefour se coupe un bras pour complaire à ses deux gros actionnaires, Bernard Arnault et Colony Capital, qui ont soif de cash. Réunie ce matin au Carroussel du Louvre, l’assemblée générale du groupe de grande distribution est pressée d’accepter la vente de sa filiale Dia. Si les actionnaires votent la résolution, l’enseigne de hard discount d’origine espagnole, 45 200 salariés dont près de 10 000 en France, devrait quitter le giron dans lequel l’avait jetée la fusion avec Promodès en 1999, pour aller se faire coter ailleurs. En l’occurrence à la Bourse de Madrid le 5 juillet.
De cette opération, les propriétaires de Carrefour espèrent tirer 4 milliards d’euros, ce qui de l’avis des analystes est ambitieux (le consensus étant plus proche de 3 milliards, eu égard aux 800 millions de dettes de cette filiale). Mais la perspective d’une future OPA, et donc de mouvements spéculatifs sur le hard discounter, autorise le tandem Arnault-Colony (14% du capital) à rêver d’une jolie culbute, la résolution 7 de l’AG leur donnant droit à une action Dia par action Carrefour détenue. C’est moins vrai pour le géant de la distribution lui-même.
A la peine depuis plusieurs années - la part de marché de ses hypers a reculé de 14% en 2006 à 11,8% en avril 2011 - Carrefour ne gagnera strictement rien à l’affaire. Le groupe ne touchera pas un euro d’un cash qui lui aurait pourtant été salutaire pour financer son redéploiement stratégique (les Carrefour Planet notamment) ou faire face à la guerre de