Drôle de paradoxe. Pour avoir failli à trois reprises en l'espace d'une décennie, puisqu'elles n'ont pas vu venir la faillite d'Enron, la crise des «subprimes» ou encore la chute de Lehman Brothers, elles étaient au banc des accusés. Elles? Ce sont les Standard&Poor's, Moody's et Fitch. Trois agences qui continuent à monopoliser le marché mondial de la notation. Quatre ans après le début de la débâcle financière et économique, ces trois officines privées ont conservé tout leur pouvoir de vie ou de mort sur des Etats. En février, le Premier ministre grec, Georges Papandreou, en a fait (une fois de plus) les frais. Au point de lancer une violente diatribe contre l'une d'elle, Moody's, «coupable», selon lui d'avoir rétrogradé la Grèce de manière «injuste».
«Vicieux». La polémique sur les évaluations de la dette souveraine, celle émise par les Etats qui sont les plus gros emprunteurs sur les marchés des capitaux, avec plus de 8 000 milliards d'euros, ne cesse de s'intensifier. Selon Henry Sterdyniak, de l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), la question des agences de notation renvoie à celle «d'une supposée efficience des marchés financiers. Lorsque le taux exigé de la Grèce pour se financer monte à 27% sur les obligations à dix ans, chacun en déduit que le risque de défaut est proche. Si les investisseurs exigent une telle prime, c'est que le danger est extrême. C'est une profonde erreur…»
A l'instar de