Menu
Libération
Interview

«Dissuader les entreprises par la fiscalité»

Article réservé aux abonnés
Thomas Piketty, économiste, préfère la taxation à la régulation des salaires :
publié le 23 juin 2011 à 0h00

Directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’Ecole d’économie de Paris, Thomas Piketty, qui a travaillé sur les hauts revenus, prône un impôt confiscatoire pour limiter ces derniers.

Les très hautes rémunérations sont-elles justifiées économiquement ? Pendant longtemps, les dirigeants d'entreprises ont été payés 5 à 10 fois le salaire minimum pratiqué au sein de leur société. Depuis vingt ans, on a changé d'échelle : certains sont passés à 50 ou 100 fois, voire davantage… La financiarisation de l'économie, couplée aux dispositifs toujours plus importants de défiscalisation, conduit à toujours plus de rapacité. Et ceux qui le peuvent se servent des revenus qui n'ont plus rien à voir avec leurs compétences et leur apport à l'entreprise.

N'est-ce pas le prix à payer pour disposer de dirigeants performants ?

Laisser penser qu’on ne trouverait pas de gens compétents parce qu’ils ne seraient payés «que» 10 fois le Smic au lieu de 100 est une approche complètement folle, purement idéologique, et assez méprisante. D’ores et déjà, l’économie tourne avec des milliers de dirigeants très dynamiques et de créateurs de PME innovantes qui ne gagnent «que» 5 000 ou 10 000 euros par mois.

La main invisible du marché serait donc incapable de fixer une «vraie» rémunération ?

J’aime beaucoup l’économie de marché. Mais il y a des choses qu’elle ne sait pas faire. Le marché est incapable de fixer correctement les hautes rémunérati