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Libération
Interview

«Embaucher les meilleurs et les payer plus»

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Augustin Landier, professeur d’économie, justifie les hauts revenus :
publié le 23 juin 2011 à 0h00

Augustin Landier est professeur d'économie à TSE, la «Toulouse School of economics». Pour lui, les hautes rémunérations n'ont rien de «fantaisistes» et peuvent se justifier économiquement.

Y-a-t-il des raisons économiques valables à cette envolée des hautes rémunérations ?

Oui et ce n’est d’ailleurs pas une spécificité française. Dans l’économie globalisée, la taille des marchés et celle des enjeux financiers ont considérablement augmenté et donc une petite différence de talent entre deux patrons peut au final avoir des effets décuplés sur le résultat d’une entreprise. Pour une grosse entreprise, réduire ne serait-ce qu’un tout petit peu le risque d’avoir une erreur de stratégie ou de design, justifie de dépenser des millions. Quand un conseil d’administration met le paquet pour attirer un manager qu’ils jugent plus approprié, c’est du simple calcul économique, pas forcément de la surenchère absurde de leur part.

Mais plus les rémunérations augmentent, plus la productivité est difficile à estimer ?

L'évaluation de la performance relative d'un dirigeant est complexe, «bruitée» disent les économistes. Mais le fait que l'économie soit soumise à un nombre considérable d'aléas n'est pas un argument. L'impact de ces patrons sur l'activité d'une entreprise peut être minime au final - comme l'est d'ailleurs leur rémunération au regard de la valeur boursière des sociétés du CAC40 - mais cela n'enlève rien au fait qu'il y a une rationalité à vouloir embaucher les meilleurs et les payer plus pour les retenir. C'est la logique du «marché du talent». Après, on peut vouloir taxer au nom de la décence et de l'équilibre social. Mais c