Le Cotentin : un morceau du massif armoricain, isolé. Une presqu’île battue par les vents qui plonge dans la mer à la pointe de Jobourg. Des falaises granitiques et bretonnes à l’ouest ; un paysage plus franchement normand à l’est avec les célèbres plages du débarquement. Des pluies interminables qui en font la région la plus humide de France. Est-ce la raison pour laquelle le tourisme y est si peu développé ? En tout cas, les Parisiens n’aiment guère y aller, et les plages sont assez désolées l’été.
Désert touristique, le Cotentin est par contre le paradis de l'élevage. D'habitude, à cette époque de l'année, les pâturages affichent le vert typique des paysages normands. Les vaches de race normande, gavées d'herbe, costaudes, disparaissent sous d'épais feuillages. Mais cette année, c'est différent. L'herbe au milieu des prés est beaucoup moins haute, les feuillages maigrichons, le sommet des ormes roussi. Nous montrant un champ parsemé de touffes d'herbe brûlée par le soleil, un paysan nous en fait la remarque : «Presque tout est brûlé, il n'y a presque rien à manger pour les vaches.»
C’est qu’il n’a pratiquement pas plu dans la région depuis le mois de novembre (le déficit pluviométrique dépasse 60%). Et ce département, mieux armé que d’autres, est lui aussi au bord de la catastrophe. Que le grand beau temps dure encore quinze jours, et les exploitants du Cotentin seront dans la même situation que ceux de l’Orne ou du Perche.
C’est que les exploitations agricoles, auj