L’Allemagne a raison de vouloir faire payer une partie du coût du désastre actuel aux banques et autres institutions financières qui ont prêté à la Grèce, parfois à des taux très élevés. Simplement, il faut le faire de façon ordonnée, juste et maîtrisée, au moyen d’une taxe européenne spécifique sur les banques, et non pas d’un défaut partiel de l’Etat grec.
Quelle est la différence ? Cela change tout. Le problème du défaut est son côté aveugle, imprévisible dans ses conséquences. On commence par réduire la valeur de tous les titres grecs d’un pourcentage donné, mettons 50% : ceux qui ont prêté 100 ne se verront rembourser que 50 (décote ou «haircut» de 50%, suivant l’expression consacrée). Mais comme les banques se sont repassé la patate chaude des milliers de fois, avec souvent de multiples contrats d’assurance liant les unes et les autres (notamment les fameux CDS, Credit Default Swap, instruments permettant in fine de jouer à la loterie sur la probabilité d’un défaut grec), et que des acteurs possèdent parfois de la dette grecque sans le savoir (par exemple, de nombreux épargnants se sont fait refiler des packages de dettes européennes dans leurs contrats d’assurance vie ces dernières années, et peu ont lu les annexes du contrat), personne ne sait qui au final va payer la note. Il n’y a aucune raison de croire que la répartition de l’effort sera juste : en matière financière, les plus gros joueurs sont souvent mieux informés et se sont débarrassé du produit toxique à temp