«Je ne désignerai pas de grand méchant, un observatoire ne fait qu'observer…» : Philippe Chalmin, professeur d'économie à l'université Paris-Dauphine et président de l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, marchait sur des œufs, hier, en présentant son premier rapport au Parlement. N'empêche. Le constat de ce pavé de 240 pages est interprété de la façon suivante : ceux qui profitent le plus des fluctuations des prix agricoles ne sont ni les producteurs ni les consommateurs, mais la grande distribution et les industriels de l'agroalimentaire.
Beurre. Exemple frappant, la cerise bigarreau coûte cinq fois plus cher en rayon qu'elle n'a été achetée à l'agriculteur. Autre exemple tiré du rapport et mis en exergue par l'UFC-Que choisir : la marge brute des distributeurs a augmenté en dix ans de 32% pour l'emmental, 50% pour la côte de porc et 100% pour le beurre.
«Ces exemples ne font que confirmer ce que nous constatons à longueur d'enquêtes», explique Olivier Andrault, chargé de mission à l'UFC. Selon lui, les enseignes sont les championnes de «l'effet cliquet» : «Quand les prix agricoles augmentent [entre mai 2007 et mars 2008, ndlr], elles répercutent la hausse, et quand ils descendent [depuis mars 2008, ndlr], elles ne baissent pas ou peu les prix.»
L'association pourfend aussi l'opacité de la grande distribution, «qui se refuse à communiquer sur sa rentabilité produit par