«T'es sûr de pouvoir dépenser encore 50 euros ? T'es fauché, tu vis de l'aide sociale…» «Bah, j'ai l'argent là tout de suite, et je peux en gagner bien plus…» Ce dialogue habituel, entre deux clients d'un bureau de tabac, sur le point d'acheter un billet pour un pari sportif à Münster, une ville de l'ouest de l'Allemagne, est à l'origine d'un vif débat outre-Rhin. Un tribunal de Cologne a en effet condamné, fin mai, la société WestLotto pour avoir accepté le pari de bénéficiaires des minima sociaux. En Allemagne, qui vit de ces allocations ne doit pas parier des sommes élevées…
Depuis 2008, la loi protège en effet les mineurs, les accros aux jeux, mais aussi les personnes à faibles revenus de la tentation du jeu. Les entreprises qui contreviendraient à la loi risquent une amende de 250 000 euros et une peine de prison. «Dans le cas présent, le tribunal a estimé qu'en misant 50 euros, un bénéficiaire de l'aide sociale jouait un septième de ses revenus mensuels. Cette somme a été jugée disproportionnée», explique Dirk Esser, le porte-parole du tribunal de Cologne. Les personnes vivant des minima sociaux reçoivent 364 euros par mois de l'Etat, en plus de la prise en charge du loyer et du chauffage.
«Les chômeurs de longue durée et les bénéficiaires de l'aide sociale doivent pouvoir décider eux-mêmes ce qu'ils font de leur argent !» s'indigne Martin Behrsing, le président de l'association Forum des sans-emploi. Qu'est-ce qui prouve qu'un chômeur fasse pl