«Tant qu'il n'y a que la Grèce, nous n'aurons aucun mal à éponger les pertes. Evidemment, si la crise de la dette touchait l'Italie, les choses seraient différentes…» Quand il prononce ces mots, fin mai, entre poire et fromage, le patron de BNP Paribas, Baudoin Prot, refuse encore de croire au pire. Hier, pourtant, sa paisible réflexion a pris des allures de mauvais songe prémonitoire. Alors que les dirigeants européens convergeaient vers Bruxelles pour tenter de s'accorder enfin sur les modalités du second plan de sauvetage grec, les marchés financiers ont basculé dans la panique.
Banqueroute. En l'espace de quelques heures, les investisseurs ont cédé en masse les obligations souveraines de tous les pays européens fragilisés par l'ampleur de leur dette publique. C'est vrai de la Grèce, du Portugal, de l'Espagne. Mais aussi de l'Italie, dont l'économie pèse à elle seule plus de deux fois celle des pays sauvés à ce jour de la banqueroute par la solidarité de l'Union, à savoir la Grèce, l'Irlande et le Portugal. Dans les milieux diplomatiques et financiers, plus personne n'a le cœur à plaisanter. De risque improbable, la contagion est devenue une hypothèse tangible. Et avec elle la possibilité d'une désintégration de l'euro. «On est devant quelque chose qui est plus systémique que la seule Grèce et qui concerne la stabilité de la zone euro dans son ensemble», a admis hier la ministre espagnole des Finances, Elena Salgado.
Perceptible dès l’ouve