Après avoir été professeur de finance à HEC pendant dix ans, Eric Briys a travaillé plusieurs années chez Lehman Brothers, Merrill Lynch et Deutsche Bank. Il est aujourd'hui professeur associé de finance à l'Université des Antilles et de la Guyane. Il est co-auteur, avec Henri Bourguinat, de deux récents ouvrages : l'Arrogance de la finance (La Découverte) et Marchés de dupes (Maxima, Laurent Du Mesnil).
Les marchés financiers ont-ils gagné face à la souveraineté des Etats?
Ce qu’on attend des marchés financiers, c’est qu’ils fassent leur boulot et qu’ils nous disent quand les choses vont mal. Les marchés financiers devraient être ce boulier qui tient les comptes, capables de nous avertir sur une addition que nous ne pourrions pas honorer en temps et en heure. Mais ils sont bien plus que cela. Ils sont un animal extrêmement complexe et qui échappe à ses créateurs : les responsables politiques.
C’est-à-dire ?
Si on plonge dans les détails de la crise, nous voyons un marché financier à travers l’omnipuissance des banques. Ce sont elles qui parviennent à faire plier les Etats. Pour filer la métaphore, nous pourrions dire que ce n’est plus le chien qui remue la queue, mais la queue qui remue le chien. Tout s’est inversé, au profit d’une hyperfinance, sous le prétexte que les marchés savaient mieux que quiconque mesurer les risques.
Un exemple de cette souveraineté perdue ?
Prenons le cas de la Grèce. La France a sorti un plan de restructuration de la dette grecque, dans lequel les Grecs devront payer quoi qu’il advienne. Mais ce plan vise surtout à protéger les banques étrangères qui détie