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Libération
Interview

«Il est temps que Berlin réalise que les choses ont changé»

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Pour l’économiste Ulrike Guérot, une politique monétaire unique dans l’Union et une solidarité entre les membres de l’euro est indispensable :
par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant
publié le 13 juillet 2011 à 0h00

Ulrike Guérot, spécialiste des affaires européennes, dirige le bureau de Berlin de l’ECFR (European council on Foreign Relations), un think tank qui a pour objectif d’aider au développement d’une politique étrangère commune dans l’UE. Elle porte un regard très critique sur la politique européenne du gouvernement allemand dirigé par Angela Merkel.

L’Allemagne, à chaque fois, intervient à reculons, comme si elle hésitait à sauver la zone euro…

La crise de la dette publique est d’une ampleur et d’une nature inédite et personne ne l’a vue venir, ce qui explique en partie la réaction allemande : elle a été surprise, comme tout le monde. Surtout, l’Allemagne a été effrayée de voir à quel point l’avenir de la zone euro dépendait d’elle : elle a hérité d’un pouvoir qu’elle n’a jamais revendiqué. Elle ne savait pas quoi faire de cette patate chaude et a tenté de la refiler à d’autres. Mais voilà : si rien ne peut se faire contre elle en Europe, rien ne peut se faire sans elle non plus.

Dix-huit mois après, il est temps qu’elle réalise que les choses ont changé en Europe et que, par son poids économique, elle joue un rôle central. C’est pour cela que tous les yeux sont maintenant tournés vers elle. Pour l’instant, elle essaye de gagner du temps afin d’éviter une faillite de la Grèce, tout en évitant de concéder davantage d’intégration communautaire. Or, on ne réglera pas cette crise sans union politique ou sans créer un marché européen de la dette géré au niveau supranational, bref sans un sursaut fédéral.

L’Allemagne est-elle moins européenne qu’il y a quinze ans ?

Personne en Allemagne ne veut détruire l’euro, car chacun a conscience que l’