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Libération
portrait

L’enfant-roi de la pub

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Cet anxieux zen codirige l’agence BETC où il signe des campagnes juvéniles et spirituelles.
publié le 15 juillet 2011 à 0h00

«En France, on aime la publicité dans les brocantes. Les vieilles affiches jaunies, tout le monde trouve ça merveilleux.» Dans une des alcôves immaculées de l'agence BETC, Rémi Babinet défend son métier de publicitaire. Sans l'attirail Séguéla (bronzage UV et Rolex), ni le débit du personnage de crétin cocaïné de 99 francs romancé par Frédéric Beigbeder. Lui est plutôt jeans, tee-shirt noir et barbe de trois jours. C'est dans le cerveau de ce créatif que sont nés les bébés Evian. En danseurs aquatiques, reprenant Queen, en rollers sur fond de hip-hop et, actuellement, décapités sur des milliers de tee-shirts. Pas totalement un hasard, «l'enfance qui traverse la vie» est un de ses sujets de prédilection («Live Young», campagne Evian).

A 24 ans, obnubilé par le roman culte Au-dessous du volcan, Rémi Babinet part trois mois au Mexique, sac au dos. Son itinéraire suit à la lettre la topographie hallucinée du roman de Malcolm Lowry. Première leçon d'économie réelle dès son arrivée aux Etats-Unis : il dépense un tiers de son maigre budget en une semaine. Passée la frontière, il vivra «très bien» le reste du temps avec 3 dollars par jour, consignant dans son journal chacune des étapes de son voyage initiatique. Aujourd'hui, marié et père de trois enfants, cofondateur d'une agence de 700 employés et directeur général d'Havas, il prend l'avion plusieurs fois par semaine. Depuis, la planète s'est rétrécie, son temps aussi. De ses voyages professionne