L’Euro est gravement menacé. Ce projet a été porté depuis quarante ans par tous les dirigeants français successifs, de droite comme de gauche. Pourtant, jusqu’ici, les médias, la classe politique, les plus hauts responsables de l’Etat se sont fort peu préoccupés de la crise actuelle. Faute d’engagement suffisant des dirigeants français de tous bords dans la résolution de la crise, la zone euro risque d’éclater, emportant avec elle l’ensemble de la construction engagée depuis soixante ans.
En 1999, l’avènement de l’euro avait pourtant marqué une rupture décisive avec la conception libérale de l’Europe-marché : les Etats acceptaient - enfin - de se doter d’institutions communes fortes dans un domaine central, non seulement pour l’activité économique, mais aussi pour l’existence politique de l’Europe, dans le monde comme vis-à-vis de ses propres citoyens. Et contrairement à ce qu’on entend ces temps-ci, l’euro nous a apporté de nombreux bénéfices. Les taux d’intérêt ont été ramenés à des niveaux historiquement bas, facilitant l’activité économique et l’emploi. C’est d’ailleurs une part du problème d’aujourd’hui : ces taux étaient même trop bas pour une partie de l’Europe poussant à un endettement excessif. Dans la crise, l’euro nous a aussi protégés des turbulences monétaires qui avaient durablement plombé l’Europe lors de la récession de 1993. Tandis que la puissance de feu de la Banque centrale européenne (BCE) a permis de maintenir à flot, y compris au Royaume-Uni, un système