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Chez Ricard, la révolte des saouls fifres

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Social . La justice a donné raison à des commerciaux qui déploraient la consommation d’alcool obligatoire.
Pernod Ricard,le n°2 mondial des vins et spiritueux prévoit pour la totalité de l'exercice en cours sur une croissance interne de son résultat opérationnel courant située dans la fourchette de 5% à et 8%, un objectif élargi "devant le manque de visibilité". /Photo d'archives/REUTERS/Jean-Philippe Arles (Reuters)
publié le 18 juillet 2011 à 0h00

La justice française vient de trancher : des commerciaux de la société Ricard ont le droit de se plaindre de l'alcoolisme consubstantiel à l'exercice de leur métier. Fin juin, la cour d'appel de Paris a débouté Ricard de sa plainte en diffamation visant un livre, intitulé Dealer Légal (éditions Max Milo), recensant les récriminations de ses soldats envoyés au front.

Payés pour animer des apéritifs, soirées et autres happenings arrosés, ces commerciaux doivent se conformer à une lettre de mission : «Consommer ou faire consommer.» Avant d'être recrutés, ils disent avoir subi un «crash-test», censé évaluer leur capacité à encaisser les coups. «Certains chefs de vente, redoutables examinateurs, étaient là pour voir si oui ou non le petit tenait la route, ferait l'affaire.» Cela va jusqu'à enquiller vingt verres de Ricard sans chanceler.

«Ai-je impressionné mes chefs sur ma capacité à ingurgiter et à récupérer ? s'interroge l'un d'eux. En tout cas, je suis désormais un membre de la bande, de la grande famille Ricard. Mais si mon boulot consiste vraiment à picoler, mieux vaut m'aménager des pauses de temps en temps pour tenir la route.» Un autre précise qu'il s'agit d'un «critère d'embauche non écrit mais réel». Consciente des risques professionnels pris par ses commerciaux de choc, la direction de Ricard leur recommande de prendre une chambre d'hôtel - au frais de la société de vins et spiritueux - en cas d'impossibilité de rentrer chez