Ancien des cabinets de Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius à Bercy, par ailleurs actionnaire du Monde, Matthieu Pigasse, spécialiste de la restructuration des dettes souveraines, conseille aujourd'hui le gouvernement grec pour le compte de la banque d'affaires Lazard, qu'il codirige. S'exprimant à titre personnel, il s'en prend à «l'irresponsabilité des gouvernants européens» et défend l'urgence de progresser vers plus de fédéralisme au niveau de l'Union.
Hier, François Hollande s’est démarqué du programme du PS en se prononçant pour une réduction de la dette publique française à 3% du PIB dès 2013, objectif actuel du gouvernement de Nicolas Sarkozy. Qu’en pensez-vous ?
Pour moi, la solution n’est pas française mais européenne. La sagesse serait de se donner collectivement du temps pour atteindre les critères de Maastricht de sorte à pouvoir continuer de soutenir la croissance au sein de la zone. Néanmoins, même à l’échelon national, il ne sert à rien de mourir guéri.
L’urgence pour l’Union européenne, c’est d’abord de sauver la Grèce…
C’est l’Europe qui est en danger ! Certains pays, dont la Grèce, ne parviennent plus à se financer au jour le jour sur les marchés financiers. Ils sont donc incapables de financer leurs dépenses publiques. D’autres pays sont confrontés à des problèmes de solvabilité : ils peuvent encore se présenter sur le marché, mais supportent de moins en moins le poids de leur dette publique.
Qui doit payer ?
La Grèce a consenti sa part de sacrifices. Cet effort se traduit par un déficit public qui devrait passer de près de 15% en 2009 à 3% en 2015. Cela a provoqué une récession de l’ordre de 10% sur les deux dernières années. Les Grecs ne peuvent pas aller au-delà. Idem pour l’Irlande et le Portugal.
C’est une thérapie suicidaire?
Pire, criminelle… Elle est suicidaire p