Menu
Libération
Interview

«L’austérité casse le moteur de l’économie»

Article réservé aux abonnés
Thomas Guénolé, du think tank Club Jade, proche du Modem, préconise une dette commune :
publié le 21 juillet 2011 à 0h00

Thomas Guénolé enseigne la finance à Sciences-Po Paris. Secrétaire général du think tank centriste Club Jade, il revient sur les causes et les effets des plans d’austérité.

L’austérité se généralise. Faut-il craindre le pire ?

L’austérité engendre déjà une dégradation des situations sociales. Mais il y a quelque chose de moralement inacceptable : les marchés financiers sont devenus de véritables faux-monnayeurs.

C’est-à-dire ?

Sur les marchés financiers, il y a des produits achetés et vendus par les acteurs de la finance. Ce sont eux qui fixent le prix des actifs financiers. Il suffit que ces acteurs pensent que le prix de tel ou tel actif devrait être plus élevé pour que le prix monte effectivement. Sur ces marchés, on trouve des actions, des obligations… Mais surtout des produits dérivés qui sont des paris sur la façon dont va évoluer, par exemple, le cours du pétrole, de l’euro… Or, le marché des produits dérivés est vingt fois supérieur à celui des actions.

Mais quel rapport avec l’austérité ?

Eh bien justement, le fait de recourir à l’austérité a pour point de départ ce mécanisme-là. Qui se poursuit de la façon suivante : les acteurs de la finance utilisent beaucoup plus d’argent qu’ils n’en ont réellement. C’est ça, le fameux effet-levier. Plus la valeur de leurs produits financiers augmente et plus ils peuvent emprunter pour réinvestir… sur les marchés. Mais cette valeur est virtuelle. Et lorsque cette valeur est perdue massivement, comme lors de la crise déclenchée en 2007-2008, les Etats sauvent le système financier.

Et donc ?

Lorsque les Etats sauvent la finance, ils le font avec de