La justice française en sera-t-elle ébranlée ? A Turin, vingt ans de prison viennent d’être requis contre deux ex-dirigeants du groupe Eternit, lors du plus grand procès pénal jamais organisé dans la catastrophe de l’amiante. Le milliardaire suisse Stephan Schmidheiny et le baron belge Jean-Louis de Cartier de Marchienne sont accusés d’être responsables de la mort de plus de 3 000 personnes en Italie et d’avoir causé une catastrophe environnementale. Lundi, la parole était aux défenseurs des parties civiles. Parmi eux, l’avocat français Jean-Paul Teissonnière.
Comment analysez-vous la peine requise ?
Le parquet de Turin montre qu’il prend au sérieux les problèmes de santé et de sécurité au travail. A l’opposé de ce qui se passe en France, où les faits à l’origine de milliers de victimes sur le lieu de travail sont traités comme des fautes, punies de faibles peines, généralement jamais appliquées. Les faits qui se sont produits en Italie ne sont pas isolés. On retrouve les mêmes drames partout où existaient des usines Eternit. Et les victimes continueront de mourir : c’est une catastrophe de l’avenir. Le «préjudice d’anxiété» concerne des milliers de victimes européennes et, au-delà des frontières de l’Europe, des millions de travailleurs et de personnes exposées à l’amiante. Ce procès est donc exemplaire.
Où en est-on sur le plan pénal en France ?
Les premières plaintes ont été déposées en 1996 (soit après l’Italie) mais en France, jamais les parquets n’ont été à l’origine des poursuites contre les responsables de la catastrophe : ce sont les victimes qui ont