Sa tente est plantée juste à côté de sa ferme photovoltaïque, à Saint-Allouestre (Morbihan). Franck Le Borgne y dort depuis qu’il a entamé, il y a treize jours, une grève de la faim pour dénoncer la politique gouvernementale en matière de solaire. Cet entrepreneur du photovoltaïque installe des panneaux sur traqueurs (les panneaux suivent la course du soleil). En 2010, il investit 1,5 million d’euros dans quatre sites d’une puissance de 103 kilowatts chacun. Il compte vendre sa production à EDF, qui a l’obligation d’acheter l’électricité ainsi produite.
Un an plus tard, ses panneaux ne sont toujours pas raccordés au réseau… «J'ai fait une demande de raccordement dans les règles en août 2010. Tout allait bien…» raconte-t-il. Manque de bol, son dossier arrive deux jours après le moratoire mis en place par le gouvernement en décembre. Décidé par François Fillon pour stopper la spéculation dans le photovoltaïque (1), celui-ci a mis à l'arrêt tous les nouveaux projets. Depuis, les panneaux de Le Borgne pourrissent au soleil. «C'est 1,5 million d'euros de perchoirs à oiseaux de luxe», ironise-t-il.
Il accuse le gouvernement de réserver la filière aux gros industriels. «Pendant que la ministre de l'Ecologie réfléchit à des appels d'offres taillés sur mesure pour Total, GDF-Suez ou Areva, les PME du solaire crèvent en silence. Il ne se passe pas une semaine sans un dépôt de bilan. Ça concerne 11 000 personnes au total.» Derrière Le Borgne, les petits install