Ancien directeur adjoint pour l’Europe au sein du ministère des Finances allemand à Berlin, Stefan Collignon a participé aux travaux pour la mise en place de l’euro. Il est aujourd’hui professeur de politique économique à l’Ecole des hautes études de Sant’Anna, à Pise.
Qui doit payer ?
La question, c'est : comment sortir d'une crise qui risque de faire voler en éclat notre monnaie ? Et finalement, comment éviter une décomposition de l'Union européenne ? Or, le débat, tel que nous le vivons depuis des mois, est très mal engagé. Et pour une raison assez simple : l'Allemagne continue de marteler au reste des pays de l'union monétaire qu'elle ne veut pas payer pour les autres. Mais, faut-il rappeler que ce sont les Grecs qui payent pour les Allemands ! Car lorsque Berlin prête de l'argent à Athènes, il le fait en levant des fonds sur les marchés financiers internationaux. Et grâce à sa bonne santé financière, il peut le faire en payant des taux d'intérêts inférieurs à 3 %. Ensuite ? Eh bien, cet argent qui est prêté à Athènes rapporte du 6 % aux Allemands. Alors non, les Allemands ne payent pas pour les Grecs. Pas plus que les Français ne payent pour les Irlandais ou les Portugais… Ceci étant, si les crédits ne sont pas remboursés, la facture sera payée par les contribuables allemands ou français. La BCE a raison de refuser une restructuration de la dette grecque. Et l'idée d'une décote des dettes ne change rien à l'affaire. Si rien n'est fait, ce sera in fine le contribuable qui paiera.