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Libération
Interview

«Que les investisseurs assument !»

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Benjamin Coriat, chef de file des «économistes atterrés» :
publié le 22 juillet 2011 à 0h00

Benjamin Coriat est professeur d'économie à l'université de Paris-XIII-Villetaneuse. Il est coprésident du mouvement des «économistes atterrés». Il vient de cosigner 20 ans d'aveuglement : l'Europe au bord du gouffre (1)

Qui doit payer ?

La réponse est assez simple. Jusqu’à présent tout a été fait pour que ce soit uniquement les citoyens grecs, portugais ou encore irlandais qui payent, par la mise en place de plans d’austérité. Cette stratégie est suicidaire, elle a conduit à l’échec du prétendu sauvetage des pays les plus faibles. La seule solution consiste à partager le fardeau entre l’ensemble des acteurs. En clair, les banques qui ont des créances sur les pays en difficultés doivent consentir à en annuler une partie relativement importante… S’agissant de la Grèce, il fallait effacer entre 30 et 50 % des créances que les banques détiennent sur le pays et non pas se contenter d’un simple de plan de restructuration de cette dette. Idem pour les fonds de pension et autres fonds d’investissement qui, eux aussi, ont acheté, ou spéculé sur les titres des dettes souveraines de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne ou encore de l’Irlande. Quant aux assureurs, qui ont, via les fameux CDS (2), bénéficié de primes exorbitantes, ils doivent payer. C’est à cette condition d’ensemble que deviendrait efficace un plan qui prévoit un allongement des délais de remboursement et une réduction des taux d’intérêt sur les dettes souveraines. Alors oui, les citoyens grecs ou encore portugais pourraient ass