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Libération
EDITORIAL

Sursaut

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publié le 22 juillet 2011 à 0h00

«Ce n'est ni d'écrivains, ni de gens biens intentionnés qu'a besoin le peuple grec, c'est de faiseurs de miracle !» Ainsi s'exclamait Henry Miller dans le Colosse de Maroussi, ébloui par l'éclat universel d'un pays qui n'a cessé de tanguer entre grandeur et décadence. Des faiseurs de miracle ? On en attendait hier à Bruxelles, alors que depuis dix-huit mois, la Grèce et avec elle toute la zone euro, dansent sur un volcan. Il y a au moins deux lectures possibles de l'accord arraché dans la soirée. La première salue l'avancée fédérale - qui ne dit toujours pas son nom - enfin consentie par les dirigeants européens. Derrière les multiples modalités techniques, se dessine une authentique solidarité entre Etats-membres de l'euro. Plusieurs tabous sont tombés : la logique punitive qui a prévalu jusqu'à aujourd'hui contre la Grèce et les Etats les plus fragiles est largement amendée au profit d'une coopération étroite et encadrée. Un nouveau plan d'aide pour Athènes, l'amorce d'un Fonds monétaire européen, des conditions de prêts assouplies pour les Etats fragilisés, de nouvelles capacités données au fonds de secours européen pour racheter de la dette publique, un plan Marshall pour relancer la croissance des économies les plus touchées… : autant de signes concrets, qui révolutionnent la gouvernance européenne et donnent la mesure des concessions allemandes.

La seconde lecture de l’accord de Bruxelles retient d’abord le temps perdu, l’argent jeté par milliards dans