On commence à comprendre les dessous de l’affaire du port de Conakry et de la volte-face de la Guinée. Après avoir remporté pour ving-cinq ans la concession du port, le français Getma a été débarqué manu militari en mars au profit de son principal concurrent lors de l’appel d’offres, en 2008, Bolloré.
Pour justifier ce revirement, le nouveau président de Guinée, Alpha Condé, opposant historique élu démocratiquement fin 2010, évoque des raisons contractuelles, des clauses léonines, le non-respect du cahier des charges. En réalité, il est surtout question de gros sous. Le 14 avril, un tribunal local condamnait le président de Getma, Richard Talbot, à deux ans de prison avec sursis pour faux en écritures de commerce. Un jugement expéditif, prononcé en son absence, à l’africaine. Mais sa lecture résume bien les griefs : Getma n’aurait pas assez gâté quelques décideurs guinéens…
Oukase. Comme de coutume en Afrique, lorsqu'un opérateur occidental se voit attribuer une concession, il doit «réserver» entre 15 et 30% des parts à quelques «intérêts locaux», privés ou publics. Au port de Conakry, Getma s'était appuyé sur Gamal Chaloub. Profession : «administrateur de sociétés». Il proclame que seules «sa combativité et sa détermination» auraient permis à Getma de décrocher le deal. En remerciement, ce lobbyiste de haut vol s'était vu attribuer 35% de la société gestionnaire du port ; à charge pour lui d'en rétrocéder tout ou partie à l'Etat guinéen. A peine la c