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Libération
Interview

«Un blocage aurait une portée historique»

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Jacques Mistral, de l’Institut français des relations internationales :
publié le 1er août 2011 à 0h00

Jacques Mistral est directeur des études économiques de l'Ifri. Ex-conseiller financier de l'ambassade de France à Washington, il est senior fellow à la Brookings Institution.

L’absence d’accord sur le relèvement du plafond de la dette américaine serait-elle si grave ?

Ce serait un ébranlement très profond pour l’économie mondiale. Les bons du Trésor américains sont perçus depuis plus d’un siècle comme un placement sûr, la référence ultime en matière financière. Toute l’économie moderne est fondée sur ce présupposé. Un blocage américain sur la dette et un défaut du pays auraient une portée historique. Le crédit et la foi dans la puissance des Etats-Unis seraient ébranlés. De quoi provoquer des secousses géopolitiques de grande ampleur.

L’absence de pression sur les taux de la dette américaine laisse penser que les investisseurs ne croient pas au scénario catastrophe…

Les investisseurs internationaux considèrent qu'il n'y a pas de vrai risque de défaut, que cet exercice au bord du gouffre relève du théâtre politique. Un tel blocage est loin d'être une première. La dernière fois, c'était il y a quatre mois, au moment de l'adoption du budget fédéral : un accord au Congrès avait été trouvé in extremis, à la 23e heure… Mais une telle issue n'est plus sûre à 100%.

Pourquoi ?

Lors des élections de novembre, des républicains durs, membres des Tea Parties, ont fait leur entrée au Congrès. Ce ne sont pas des hommes politiques de carrière mais des idéologues, obsédés par la réduction des dépenses publiques. Ils entendent d’autant moins lâcher prise qu’en avril ils ont eu le sentiment de s’être fait berner. L’accord sur le budget prévoyait une réduction des dépenses publiques. Mais, une fois le compromis